Shopping
CONCEPTION
Rita Cioffi
RÉALISATION ET INTERPRÉTATION
Rita Cioffi et Claude Bardouil
MUSIQUE
Sylvain Duigou
LUMIÈRES
Grégory Auzuech
Une production Aurelia
avec le soutien de la DRAC Languedoc-Roussillon, du Conseil Régional Languedoc-Roussillon, du Conseil Général de l'Hérault, de la Ville de Montpellier et du Théâtre de Clermont l'Hérault.
La Compagnie aurélia est associée Théâtre Municipal de Clermont-l’Hérault pour la saison 2004-2005.
Trop rouge baiser
Intrépide, affranchie, tout en toupet.
Rita Cioffi invente ses positions d’artiste critique avec une liberté de ton terriblement communicative. Ce qu’on y perd en sophistication conceptuelle, ou en affiliation stylistique, on le gagne sur le fil d’un tempérament tranché sans ennui. Nul doute que sa rencontre avec son partenaire comédien Claude Bascouil, a galvanisé cette option, ardente et efficace, de la chorégraphe.
Regardons-les tous deux dans Shopping, sacrifiant à des pratiques quasi rituelles : lui se rembourre mystérieusement la mâchoire, plus que carrée ; le mec. Cela tandis qu’elle n’arrête pas de se peinturlurer les lèvres, plus rouge que rouge ; la nana. Pour quelle rencontre ? Un baiser. Assurément l’un des baisers les plus longs que l’histoire de la danse ait enfanté. Au sol, debout, enroulé, dévoreur, collé, aspiré, étouffé. Mais en façade. Terrible baiser. Trop rouge baiser.
Comme une énigme du non amour, là où d’autres inventeraient une non danse, le duo Shopping s’articule sur des pulsations étrangement mécaniques, des saccades de girouettes cherchant le cap, des fragmentations hallucinées sur des pas marqués dans la distance. Près de la renverse, suspendue en apnée d’émotion, sur une bordure empêchée, cette danse compose une exceptionnelle conversation physique de la trivialité des corps sommés d’abonder le marché des appâts.
Spectacle troublant, à la dense sensualité, pensive, comme éreintée.
Gérard MAYEN
Article de Presse